Qu'est-ce que la mammographie?

Article publié dans le magazine Coup de pouce - oct. 2020, par Julie Leduc


La mammographie de dépistage, un examen essentiel

La mammographie de dépistage permet de détecter des affections malignes touchant les seins avant l’apparition de symptômes, donc à un stade précoce, ce qui améliore l’efficacité des traitements et augmente les chances de survie. Depuis 1998, le Programme québécois de dépistage du cancer du sein (PQDCS) invite les femmes de 50 à 69 ans qui n’ont jamais été atteintes d’un cancer du sein à passer une mammographie de dépistage tous les deux ans.


Celles-ci reçoivent une lettre qui tient lieu d’ordonnance, grâce aux données de la Régie de l’assurance maladie du Québec. «L’avantage du programme est que si la patiente n’a pas de médecin de famille, elle obtient au moins une ordonnance du gouvernement aux deux ans, indique la Dre Christine Desbiens, chirurgienne-oncologue et directrice médicale du Centre des maladies du sein du CHU de Québec. La femme est libre de décider si elle passe ou non l’examen. La lettre explique les avantages et les inconvénients de la mammographie.» Actuellement, environ 65 % des femmes ciblées participent au programme.


Effectuer régulièrement une mammographie de dépistage comporte l’avantage de réduire la mortalité par cancer du sein. Selon les données du PQDCS, pour 1000 femmes qui participent au dépistage par mammographie aux 2 ans, et ce, pendant 20 ans, 7 décès sont évités. Cet examen réduit aussi le risque de devoir subir une chimiothérapie, puisque les traitements préconisés dans les cas pris à temps sont la chirurgie et/ou la radiothérapie.


Quel âge pour une mammographie?

À partir de 50 ans, les femmes sont invitées à passer une mammographie aux deux ans. Que faut-il savoir sur les avantages et les inconvénients de cet examen servant à dépister le cancer du sein? On fait le point.

Celles qui ont déjà eu droit à une mammographie ne l’oublient pas. Avoir le sein placé entre deux plaques de compression pour obtenir une radiographie de son intérieur n’est pas une expérience agréable. La mammographie demeure toutefois l’examen le plus reconnu et le seul recommandé pour le dépistage du cancer du sein qui, chaque année, touche plus de 6000 femmes au Québec et cause près de 1350 décès. 


Depuis 2018, le Groupe d’Étude Canadien sur les Soins de Santé Préventifs recommande que la décision de passer une mammographie de dépistage soit partagée entre le médecin et sa patiente. «Cela signifie que les médecins doivent décrire aux femmes les bénéfices et les risques potentiels de l’examen, afin qu’ils puissent décider ensemble de la meilleure approche à adopter», indique la Dre Guylène Thériault, membre du groupe d’étude.

C’est que bien que la  mammographie réduise les décès causés par le cancer du sein, elle comporte aussi des inconvénients que les femmes ne connaissent pas toujours. Le Groupe croit que les patientes devraient avoir toutes les informations en main avant de prendre leur décision. 

Évidemment, si l’on présente un risque élevé de cancer du sein, parce que soi-même ou un membre de notre famille en a déjà eu un, il faut en parler avec notre médecin. En général, le dépistage par mammographie se fera alors avant 50 ans et chaque année.


Les risques de sur-diagnostic de la mammographie

Le principal inconvénient de la mammographie de dépistage est le sur-diagnostic. «Cela veut dire que l’on trouve parfois de petits cancers qui n’étaient pas destinés à grandir ou à causer des complications, souligne la Dre Johanne Blais, médecin de famille et professeure au CIUSSS de la Capitale-Nationale. Mais les femmes sont quand même traitées.»

«Les cancers sur-diagnostiqués sont des cancers tortues, illustre la Dre Thériault. Ils avancent tranquillement, sans créer trop de problèmes. Ils n’auraient jamais donné de symptômes ou affecté la vie de la femme si elle n’avait pas été dépistée.» L’ennui, c’est que quand on détecte un cancer, on n’a aucun moyen de déterminer s’il s’agit d’un cancer inoffensif, qui ne progressera pas, ou d’un cancer mortel. Alors on traite tous ceux détectés.


Sur 1000 femmes de 50 à 59 ans qui effectuent un dépistage aux 2 ans sur une période de 7 ans, on évalue que 3 recevront un sur-diagnostic. Sur une période de 20 ans, on estime que 10 diagnostics de cancer du sein sur 77 sont des sur-diagnostics. C’est pourquoi la décision de passer une mammographie doit être mûrement réfléchie. «Les femmes doivent savoir que si on leur trouve un cancer, on va recourir aux traitements habituels, comme la chirurgie et la radiothérapie», dit la Dre Thériault. Avec les effets secondaires possibles des traitements et les conséquences sur la vie personnelle.


« POUR 1000 FEMMES QUI PARTICIPENT AU DÉPISTAGE PAR MAMMOGRAPHIE AUX 2 ANS, ET CE, PENDANT 20 ANS, 7 DÉCÈS SONT ÉVITÉS. »


Attention aux faux positifs!

La mammographie donne aussi parfois de faux résultats positifs. «On pense qu’on a détecté un cancer, mais finalement cela n’en est pas un», affirme la Dre Blais. Une mammographie anormale amène les femmes à passer des tests complémentaires, comme une autre mammographie, une échographie ou une biopsie [prélèvement de tissus]. Et même si à l’issue de ces examens complémentaires, il n’y a pas de cancer, c’est une situation qui cause de l’inquiétude. » «Certaines femmes disent ressentir de l’anxiété liée à l’examen, même trois ans après le faux résultat», souligne la Dre Thériault.


Presque la moitié des femmes qui participent au dépistage sur une période de 20 ans passent au moins un examen complémentaire. «J’avertis toujours mes patientes qu’il y a une chance sur deux qu’on les appelle un jour pour leur demander de passer d’autres examens, reprend la Dre Thériault. Je leur dis de ne pas s’inquiéter, car cela ne veut pas dire qu’elles ont le cancer.» Dans 95 % des cas, ces examens se révèlent négatifs. Autre inconvénient à connaître, la mammographie ne détecte pas tous les cancers.


Autre inconvénient à connaître, la mammographie ne détecte pas tous les cancers. Sur 1000 femmes qui passent une mammographie de dépistage tous les 2 ans pendant 20 ans, 21 recevront un diagnostic de cancer alors que le résultat de leur mammographie était normal. Cette situation peut se produire parce que le cancer n’était pas visible sur la mammographie ou qu’il n’était pas encore développé au moment de l’examen.


Bien se renseigner avant de décider

La décision de passer ou non une mammographie de dépistage est personnelle, selon la Dre Thériault. Elle invite toutefois les femmes à bien se renseigner et à poser des questions à leur médecin pour prendre une décision éclairée. «La bonne décision, c’est celle que la patiente prend, elle doit juste la prendre en toute connaissance de cause», précise-t-elle. Aux femmes de décider avec leur médecin si les avantages de la mammographie l’emportent sur les inconvénients selon leur situation, leurs préférences et leurs valeurs.



Comment se préparer à une mammographie ?

Passer une mammographie est inconfortable, mais l’examen n’est pas très long. «Cela ne dure que 30 secondes par sein, note la Dre Johanne Blais. Pour réduire la douleur, je conseille de ne pas consommer d’aliments contenant de la caféine (café, thé, chocolat) une semaine avant l’examen. Il est également préférable de ne pas passer l’examen une semaine avant le début des menstruations.»

On peut aussi prendre un analgésique, de l’acétaminophène ou de l’ibuprofène, une heure avant le rendez-vous. n’ont jamais été atteintes d’un cancer du sein à passer une mammographie de dépistage tous les deux ans.


Quels sont les signes à surveiller?

Pour détecter un cancer de manière précoce et ainsi se donner les meilleures chances de survie, il faut observer nos seins régulièrement et rapporter à notre médecin tout changement. «Toute patiente qui a un symptôme doit consulter, peu importe son âge», rappelle la Dre Christine Desbiens. Voici les signes qui doivent nous amener à consulter:


-Une bosse au sein

-Une rougeur sur la peau du sein ou un changement de texture (Apparence de peau d'orange)

-Une rétractation du mamelon (qu'on avait pas avant)

-Une blessure au mamelon qui ne guérit pas

-Une déformation du sein

-Un écoulement


De bonnes habitudes de vie aident aussi à réduire les risques de cancer du sein:
«Réduire sa consommation d’alcool, garder un poids santé, faire de l’exercice et avoir une alimentation équilibrée sont des bons points», souligne la Dre Desbiens.


> Pour aller plus loin

/// Fondation du cancer du sein du Québec rubanrose.org
/// Fondation québécoise du cancer fqc.qc.ca
/// Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs anadiantaskforce.ca
(sous l’onglet Lignes directrices publiées)
/// Programme québécois de dépistage du cancer du sein quebec.ca/sante/ (Dans
la section "Conseils et prévention", puis "Dépistage et offre de tests de porteur",
puis "Dépistage du cancer du sein".)
/// Société canadienne du cancer cancer.ca

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